La France vient de publier sa position officielle sur le régime de TVA applicable aux véhicules de société mis à disposition par un employeur à ses salariés.
Avant d’analyser les dispositions du rescrit de la Direction Générale des Finances Publiques (BOI-RES-TVA-000161), il convient de rappeler les faits et le contexte résultant du fameux arrêt QM.
1. Rappel des faits / historique
Jusqu'en 2021, les employeurs luxembourgeois s’acquittaient de la TVA luxembourgeoise sur la mise à disposition des voitures de société à leurs salariés, indépendamment du lieu de résidence des salariés, via leurs déclarations TVA. Cette mise à disposition était considérée comme une utilisation privée de biens d'entreprise.
Un litige a opposé la société QM, société de gestion de fonds luxembourgeoise, au Finanzamt Saarbrücken (Allemagne), au sujet de la mise à disposition de deux voitures de société à deux salariés travaillant au Luxembourg mais résidant en Allemagne (l’un gratuitement, l’autre contre rémunération). Le Finanzgericht des Saarlandes a alors saisi la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) d’une question préjudicielle.
La CJUE devait trancher si cette mise à disposition relevait de l’article 56, § 2, de la directive 2006/112/CE, qui détermine le lieu d’imposition de la location d’un moyen de transport pour plus de 30 jours.
Dans son arrêt du 20 janvier 2021 (affaire C-288/19 « QM c/ Finanzamt Saarbrücken »), la CJUE a considéré que la mise à disposition d’un véhicule de société peut être qualifiée de location de longue durée à une personne non assujettie, constituant une prestation de service à titre onéreux, sous certaines conditions.
2. Conséquences de l’arrêt QM
2.1. Champ d’application de la TVA
La CJUE précise que la notion de « location de longue durée d’un moyen de transport » est une notion autonome du droit de l’Union, à interpréter uniformément, indépendamment des législations nationales.
Trois conditions à remplir :
- Le salarié verse une contrepartie (paiement, déduction salariale, etc.)
- Il a un droit exclusif d’utilisation privée du véhicule
- Pour une durée de plus de 30 jours
Lorsque ces trois conditions sont réunies, la mise à disposition constitue une prestation de services à titre onéreux, dont le lieu d’imposition est l’État de résidence du preneur (le salarié).
Si la condition de loyer n’est pas remplie :
Il s’agit alors d’une utilisation privée d’un bien d’entreprise, assimilée à une prestation de service si la TVA amont est déductible. Le lieu d’imposition est alors celui de l’employeur.
Le schéma illustre la position de la CJUE :